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Mots Fous, à Lomé prix de slam pour jeunes sur la santé mentale

[Traduction par Luciana Buttini de la pièce originale de Antonella Sinopoli publiée sur One Global Voice]

Combien de personnes dans le monde souffrent de troubles mentaux? Les données officielles, bien qu’elles soient importantes pour avoir une mesure du problème, ne sont pas si réalistes. La raison est qu’en fin de compte ces chiffres échappent à toutes ces situations (et conditions) qui ne se relèvent jamais et restent confinés aux quatre murs d’une chambre ou dans les cours d’un village rural.

En Afrique, le nombre de personnes pouvant accéder aux soins médicaux et psychiatriques est très faible et cela est lié essentiellement à deux raisons: la pénurie du personnel spécialisé et le tabou qui entoure encore le phénomène de la maladie mentale.

Il est important de souligner que si toutefois certaines causes des troubles mentaux sont de véritables pathologies, peut-être génétiques ou héréditaires, beaucoup d’autres, sinon la plupart, résultent d’un manque d’attention à la santé mentale car elles naissent et se développent à partir des conditions sociales qui affectent la vie des individus.

On pense par exemple à l’état de besoin ou de manque de travail, aux conflits ou aux guerres, aux échecs ou aux besoins auxquels la société, les institutions et l’État ne peut ou mieux ne veut pas s’engager à donner des réponses.

Mais, disons-le tout de suite, les Pays à revenus élevés ne sont pas moins touchés que ceux à faible PIB. Ainsi qu’il ressort d’une récente étude réalisée par Ipsos, l’Italie se classe comme la dernière en Europe pour le niveau de bien-être mental. Seules 18% des personnes interrogées déclarent ressentir un état de bien-être complet dans leur vie, 48% se sentent seules, 56% sont stressées. Les sujets les plus à risque sont les femmes (également en raison de l’inégalité entre les sexes) et les jeunes. Et nous reviendrons sur la question des jeunes.

Entre temps, il faut rappeler que l’Organisation mondiale de la santé déclare qu’au moins 280 millions de personnes dans le monde sont touchées par la dépression mais que parmi celles-ci environ 85% qui vivent dans des Pays à revenus faibles ne reçoivent aucun traitement.

Dans les Pays subsahariens, en ce sens, nous devons faire face aux faibles investissements des gouvernements dans le domaine de la prévention et du traitement. En moyenne, les gouvernements africains n’affectent que 50 centimes par citoyen aux soins de santé, ce qui est bien au-dessous de 2 dollars des dépenses recommandées par habitant. Finalement la plupart des dernières sont adressées aux hôpitaux psychiatriques, là où des situations déjà chroniques arrivent généralement avec peu d’espoir d’un retour à une vie normale.

Il faut aussi considérer que la moitié de la population mondiale vit dans des nations qui disposent d’un psychiatre pour 200,000 habitants (et souvent même plus).

Le problème, c’est que la maladie mentale est en hausse surtout chez les jeunes et que les cas de suicide augmentent, ce qui est devenu la principale cause de décès chez les jeunes. Ces derniers temps, on a tenté d’étudier le phénomène de la dépression et l’état mental des jeunes en général. Toutes les contributions dans ce domaine de la part des chercheurs et des universitaires vont dans ce sens: parmi les principales raisons affectant la santé mentale figurent les causes sociales et l’incertitude pour l’avenir.

Dans les Pays subsahariens, un adolescent sur sept souffre de troubles mentaux. Tant il est vraie qu’on parle aujourd’hui d’une urgence concernant la maladie mentale et les cas de suicide (ou de tentatives de suicide) chez les jeunes dans cette partie du monde.

La population africaine ne cesse d’augmenter. Dans quelques années, elle sera le double (aujourd’hui la population est d’un milliard et environ 400 millions d’individus) et d’ici 2030, un jeune sur quatre dans le monde sera africain. Quel avenir auront-ils ces enfants?

Le projet One Global Voice s’occupe depuis un certain temps d’approfondir ces questions, dénoncer et élaborer leurs causes, raconter des histoires et montrer des réalités et des situations qui nous font comprendre ce qui provoque tant de malaise chez les populations. Mais aussi ce qui est fait ou pourquoi les gens et les communautés sont laissés seuls face à d’énormes problèmes dont ils ne peuvent pas s’en sortir sans une aide ciblée et spécifique.

Mais concrètement nous avons décidé de donner la parole aux jeunes, à ceux qui ont décidé de dénoncer, raconter, crier ce qui arrive à eux, à leurs amis, frères et sœurs pour tenter aussi bien de raconter leur histoire que de susciter une prise de conscience et des débats sur l’objet.

Nous le faisons à travers la publication des textes poétiques de jeunes artistes subsahariens qui nous ont confié la tâche de donner de l’espace à leurs voix dans l’espoir qu’ils nous feront réfléchir et peut-être penser à des actions concrètes ou du moins, d’aller dans une autre direction. Tout cela car, nous le répétons, les troubles mentaux peuvent être prévenus en agissant sur les causes sociales (et politiques) qui les génèrent, c’est-à-dire les conflits, la pauvreté, la violence (y compris celle sexiste), l’injustice sociale et environnementale.

L’engagement de One Global Voice, c’est aussi de travailler dans les territoires afin d’apporter des expériences et des contenus à notre Pays.

C’est dans ce sens que “Mots Fous”, un concours sur le thème de la maladie mentale auquel des artistes féminins et masculins de slam (une forme particulière d’expression verbale) ont participé, a eu lieu à Lomé, au Togo.

Il s’agit d’un événement qui suit les travaux du podcast Mots Fous” (en italien).

Chacun d’eux a apporté une histoire, une expérience, un récit personnel. Des choses qu’il faut partager, comme nous l’avons fait, pour comprendre qu’au final, les problèmes qui nous lient sont communs et auxquels nous sommes simplement confrontés à des endroits différents (et souvent de différentes manières): la peur de l’avenir, l’échec, le vide intérieur, une société qui rejette plutôt qu’accueillir.

La passion et l’émotion concentrées dans chaque mot des œuvres de ces jeunes artistes est incroyable, des travaux présentés en avant-première au public qui a assisté à la soirée du 18 février dernier et que nous publions sur ce site aussi bien en version originale française qu’en traduction italienne (voir les liens au bas de l’article).

Les performances ont été précédées d’une conférence donnée par la Dre Olivia Akpédje Gamatho, psychothérapeute et responsable du cabinet de Psychologie Clinique Mieux Être à Lomé. Combien y a-t-il de psychiatres dans le Pays, comment se manifeste un trouble mental, quelles peuvent en être les raisons sociales? Et quelle est l’importance de l’attention portée au bien-être mental, avant toute autre chose? Tels sont les thèmes et certaines des questions posées au cours de la rencontre où de nombreux jeunes, soulignons-le, étaient présents et auxquels l’expert a répondu.

Pour notre part, nous continuerons à traiter ce sujet aussi bien en continuant à donner la parole, et le microphone, aux jeunes Africains qu’en organisant et animant des événements et des initiatives en matière.

Les prochains rendez-vous seront en Italie avec une série de rencontres, conférences et un spectacle final où des artistes provenant du continent africain se produiront.

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Les poèmes sélectionnés au concours Mots Fous sont:

Maladie Mentale, d’Othyembalh Nassoury alias Irchaad (1ère place)
Mon mal, mon alter ego, de Pana Magnoudéwa alias Crystal (2ème place)
Folly, d’Ayélé Prisca alias Lys la slameuse (3ème place)
Amalgame, de Komlan Mawuto Martel Daniel alias Daniel
Le Journal d’un fou, d’El Mamadou Ousmane Barry alias Al Moufty
Le traitement mentale, de Kagni Edmond Avla alias Edmond Le Price Parolier
La psychologie, par Dominque Alagbe alias Dodo Le Mancien
Mon père a perdu la tête, de Senyo Kossivi Aimé alias Senyo
La déprime, de Daniel Montcho alias Dany Milo
L’ombre et la lumière, de Hantou Watara dit Wat le Poét
Mon objectif, par Willy Akonka
Fou je suis, par Dostongnia Tongni Agbanto
Bien-être à l’envers, par Josepha Agbessi
Eh !, de Victor Anato alias Naziyr

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